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La société civile appelle au respect des droits fondamentaux du peuple malgache à l’eau et à l’énergie

Le 12-11-2024 à 12:00 par Orange
 
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Les organisations de la société civile membres du Réseau pour la Défense des Droits Economiques, Sociaux et Culturels (DESC) lancent un appel urgent à l’Etat pour avoir une vision à long terme de la transition énergétique à Madagascar, en priorisant l’utilisation des ressources disponibles comme l’huile lourde de Tsimiroro et les réserves de charbon de la Sakoa.

Le Centre de Recherches et d’Appui pour les Alternatives de Développement – Océan Indien (CRAAD–OI), Femmes en Action Rurale de Madagascar (F.A.R.M), et le Réseau des Jeunes pour le Développement Durable (R.J.D.D.) demandent aux dirigeants de garantir les droits fondamentaux du peuple malgache à l’eau et à l’énergie, et de cesser les abus de pouvoir dans la répression des manifestations populaires pour la revendication légitime de ces droits ; de mettre fin au déni systématique des droits humains à Madagascar, en particulier à la violence disproportionnée avec laquelle les manifestations pacifiques sont traitées, et cesser toute forme de pression sur les communautés qui veulent exprimer leurs opinions et défendre leurs droits. Ces organisations de la société civile demandent, en outre, la libération immédiate et sans conditions des quatre manifestants qui sont détenus abusivement, alors qu’ils n’ont fait que revendiquer leurs droits fondamentaux.

Dans un communiqué en date d’hier, le CRAAD–OI, les F.A.R.M et le R.J.D.D. souligne que depuis plus d’une décennie déjà, tout Madagascar subit des coupures d’eau et d’électricité interminables qui se sont intensifiées au fil des années et ont détérioré gravement les conditions de vie du peuple malgache, surtout la grande majorité dont les moyens d’existence dépendent directement ou indirectement de l’électricité.

Les délestages tournants, aussi longs que fréquents, allant de 6h à plus de 10h par jour, pouvant aller jusqu’à 24h dans des villes comme Mahajanga, entravent le bien–être de la population Malagasy et entraînent la violation d’une série de droits fondamentaux, indique–t–on. En effet, plusieurs droits humains sont impactés par les coupures d’eau et d’électricité, notamment le droit à l’eau, le droit à l’alimentation, le droit à la santé, le droit au travail, le droit à l’éducation, et le droit à un niveau de vie suffisant. Par ailleurs, les délestages sont désormais devenus un facteur handicapant pour les petits métiers qui font vivre la grande majorité de la population, tout comme pour les grandes sociétés.

Outre les effets néfastes des délestages, la population malgache subit des pressions supplémentaires relatives au paiement des factures de la Jirama concernant un service dont elle ne peut même pas bénéficier de manière effective. En effet, dans le cadre du plan de redressement de la Jirama, de nouvelles mesures pour le recouvrement des factures impayées ont été appliquées depuis le mois d’Août, avec des intérêts de 5% en cas de retard de paiement des factures d’électricité et d’eau. Au mois de Septembre, la Jirama a envoyé deux (2) factures simultanément à ses consommateurs, et au mois d’Octobre, plusieurs agences à Antananarivo ont été fermées définitivement pour des raisons inconnues, entraînant la multiplication de la durée des attentes dans d’autres agences au moment du paiement des factures.

Cette situation déplorable est due à des causes bien connues, comme la raréfaction des pluies causée par le réchauffement climatique d’une part et les difficultés matérielles et financières que traverse la compagnie nationale d’électricité Jirama (Jiro sy Rano Malagasy) depuis plusieurs années d’autre part. Pourtant, aucune mesure efficace et durable n’a été prise, regrettent ces organisations de la société civile. Au contraire, des solutions éphémères et dérisoires, telles que la distribution de lampes solaires ou la mise en place de bonbonnes d’eau d’une propreté douteuse sont les principales actions menées par le gouvernement pour faire face aux problèmes, ce qui est loin de les résoudre, avancent–elles.

Selon toujours le CRAAD–OI, les F.A.R.M et le R.J.D.D., l’Etat tente, depuis plus de dix ans, de calmer la population par des promesses en l’air en mettant en place des stratégies et des solutions «provisoires» et désespérées qui n’améliorent en rien la situation de la Jirama sur le long terme.

« Dernièrement, le Président de la République, a déclaré que l’Etat allait procéder à l’amputation de 40 millions d’Ariary du budget alloué à l’éducation afin de pouvoir déclencher une pluie artificielle pour recharger le barrage hydro–électrique d’Andekaleka, et de pouvoir s’approvisionner en carburant pour faire fonctionner le maximum de groupes électrogènes dans le but de faire cesser temporairement le délestage. En plus de transférer les difficultés financières à un secteur stratégique pour le droit à l’éducation des enfants et des jeunes malgaches, ces mesures de colmatage en vue d’apaiser les tensions à court terme, ne vont faire que compromettre davantage le processus de développement économique et social à long terme du pays », regrettent–elles.

A noter que le nombre de quartiers de la capitale qui manifeste contre la fréquence des coupures d’eau et d’électricité ne cesse de se multiplier ces dernières semaines. C’est le seul moyen pour eux de se faire entendre, indique la société civile. Face à l’exaspération de la population, l’Etat multiplie le déploiement des forces de l’ordre à chaque coin de rue pour empêcher toute tentative de manifestation. Ainsi, dix manifestants ont été arrêtés le 21 octobre suite à une manifestation dans le quartier d’Ambohipo. A la suite de leur comparution devant le parquet du tribunal de première instance d’Antananarivo, quatre manifestants ont été placés en détention préventive à Antanimora.

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